Interview de Patrick Gerola, Artiste Belge au Japon

En quelques mots, qui êtes-vous ?
Je suis né à Bruxelles et j’ai débuté mon enfance dans les Marolles.
Je suis entré dans le monde de la peinture dès mon plus jeune âge grâce à ma maman qui était elle-même peintre et poète. 
Ensuite, je suis entré à l’Académie Royale des Beaux-arts dans la classe de Marianne Dock.
Un jour, invité à un spectacle d’opéra et de danse - « Cendrillon » - au théâtre Royale de la Monnaie, j’ai eu le coup de foudre.
Je me suis retrouvé propulsé à « Mudra », l’école de Maurice Béjart où j’ai collaboré en tant que scénographe avec le directeur artistique Micha Van Hoecke et chorégraphe du ballet «  l’Ensemble », compagnie composée d’anciens élèves de Mudra.
Cela m’a permis de côtoyer les grands artistes et maîtres de notre temps et de découvrir un monde à trois dimensions.
La danse, la peinture et la musique ne faisaient plus qu’un.


Si vous étiez un animal, lequel seriez-vous ?
Si j’étais un animal je serais surement un dauphin.


Qu’est-ce qui rend votre art unique
Mes couleurs. 
J’utilise une technique « Al Fresco » avec des pigments, les mêmes utilisés dans la peinture traditionnelle au Japon.
Je travaille avec très peu de lumière, ce qui me permet de créer des couleurs exceptionnelles qui dominent la toile.
Chaque mouvement est rythmé par de la musique, ce qui m’emporte dans la façon de poser mon pinceau sur la toile. 
Mon pinceau commence à danser et à vibrer comme dans une chorégraphie de ballet. Mes inspirations me viennent tout droit de la nature et se reproduisent dans mes peintures sous formes de mouvements, de sons et de couleurs.
Souvent des enfants me demandent s’il y a des lumières ou des lampes dans les tableaux.
Au Japon, on m’appelle le magicien des couleurs.


Si vous étiez une couleur, laquelle seriez-vous ?
Je serais la couleur bleue.


Comment êtes-vous arrivé au Japon
En 1983, je suis parti pour quelques mois avec une danseuse japonaise de la compagnie l’Ensemble, sans savoir exactement ni où j’allais ni ce que j’allais découvrir. 


Qu’est-ce qui vous a séduit pour y rester ?
Tout de suite, je fus émerveillé et intéressé par ce monde si étrangement différent du mien. J’étais comme de l’autre côté du miroir.
Sans contrainte et de plus loin, je pouvais observer mon pays et ma culture d’un œil différent. 
Ensuite, j’ai rencontré mon épouse japonaise qui est artiste lyrique. 


Quel est votre quotidien d’artiste là-bas ?
Je passe la majorité de mon temps à peindre dans mon atelier à Tokyo où nous recevons de nombreux visiteurs.
Je monte des expositions et participe à différents évènements. 
J’adore aller me ressourcer dans des ryokans, (hôtel traditionnel) en pleine nature et profiter de leurs « onsen » (source d’eau chaude).

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exposition patrick Gerola


C’est quoi un artiste belge pour vous ?
La Belgique est un mélange de culture. Le pays n’existe pas depuis très longtemps. Ce qui donne une plus grande liberté d’expressions. 


A-t-il des particularités ?
On parle souvent de la Belgique comme d'un petit pays. 
Quand un petit belge se trouve loin de chez lui, il réussit souvent à faire des grandes choses.
Les artistes sont aussi d’excellents ambassadeurs.


Qu’est-ce que le surréalisme pour vous ?
Le surréalisme, c’est la Belgique dans toute sa splendeur. 
Toujours pas de gouvernement. 
Le nombre de gouvernements et de ministres. 
Les séparations des régions.
Impossible d’exposer si on n’est pas originaire de la ville dans certains musées. 
Me faire enlever de l’aéroport une sculpture monumentale « manneken-pis », malgré son grand succès et la publicité dans un guide touristique japonais. 
Entre-temps je suis représenté par un musée à Shanghai qui me propose d’installer prochainement une de mes sculptures à l’aéroport de Shanghai. 


Comment sont considérés les artistes belges au Japon ?
Les gens ne connaissent pas vraiment la Belgique et ne savent pas où se trouve le pays. Quand vous parlez de la Belgique, on vous parle surtout du chocolat et des bières qui ont toujours un énorme succès. 
Au niveau artistique, nos designers de modes sont très réputés. 
Quelques peintres comme Magritte, Rubens sont également célèbres. 
Notre « Manneken-pis » est très connu mais est souvent considéré comme « made in Japan ».
Le surréalisme à une très forte image.


Qu’est-ce qu’il vous manque en Belgique ?
Quand je suis en Belgique, je passe un maximum de temps avec mes proches et mes amis. J’adore me promener dans nos paysages du plat pays. 
Je profite surtout de nos bons plats et de l’ambiance conviviale. 

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Manneken pis -  Jouets