Beverley Johnson : Le surréalisme nous ouvre à la magie, à la fantaisie et au rêve.

En quelques mots, qui êtes-vous ?

Je suis un peintre et un photographe britannico-belge. J'ai grandi en Angleterre, mais je vis et travaille aujourd'hui à Tervuren, en Belgique. Mon travail commence par des promenades avec mon appareil photo, à la recherche de sujets beaux et intrigants. Je cherche l'inspiration dans des endroits inattendus, comme la façon dont la peinture s'est décollée d'un mur, les motifs de l'écorce d'un arbre ou les restes d'affiches sur un panneau d'affichage. Certaines de ces photos sont des œuvres à part, tandis que d'autres servent de point de départ à des peintures.

 

Quand et comment vous êtes-vous lancé dans votre art ? 

Enfant, j'adorais dessiner et, à l'école primaire, ma matière préférée était l'art. Les cours se déroulaient dans une immense grange remplie de peintures en poudre, d'argile, d'encres, de crayons de couleur et de papier. Nous avions un professeur très inspirant, joyeux et encourageant.

Au lycée, nous étions encouragés à nous concentrer sur les matières académiques et j'ai étudié le français et l'allemand à l'université. Après cela, j'ai travaillé comme journaliste à Londres, puis je me suis installée en Belgique avec mon mari en 1989. Ce n'est qu'à la naissance de notre plus jeune enfant que j'ai redécouvert ma passion pour l'art. 

J'ai trouvé une académie d'art à Overijse, appelée Beeldende Kunst Overijse (BKO). Ici, les enseignants s'efforçaient de donner le meilleur d'eux-mêmes à leurs élèves. Les cours étaient stimulants et m'ont permis d'élever mon travail à un niveau supérieur. J'ai étudié le dessin, la peinture et la photographie à la BKO, et j'ai terminé par une spécialisation de deux ans en peinture.

 

Qu’est-ce que cette discipline vous apporte ? 

Elle m’apporte une grande joie. J'adore tout le processus, de la recherche de photos pour l'inspiration, au choix des toiles, au mélange des couleurs de peinture, en passant par les différents médias et les coups de pinceau, jusqu'à ce que j'obtienne une peinture satisfaisante. 

La peinture me permet également d'entrer en contact avec d'autres personnes. J'aime aller voir des expositions avec des amis et inviter les gens dans mon studio pour partager mes œuvres.

 

Qu’est-ce qui rend votre art unique ?

Chacune de mes peintures est un voyage de découverte. Chaque jour, je me rends à l'atelier pour faire un pas de plus dans ce voyage. Parfois, je vois clairement le chemin, mais à d'autres moments, j'ai l'impression de m'être trompée de direction. Ce n'est qu'en commençant à peindre que je trouve mon chemin. Chaque nouveau virage ajoute de la profondeur à la peinture - nouvelles textures, nouveaux collages, nouveaux coups de pinceau ou zones d'impression. Même les peintures qui se terminent par une composition simple comportent de nombreuses couches riches. Cette exploration rend chacune de mes peintures uniques, même au sein de ma propre œuvre.

 

Quelles sont d’après vous les qualités importantes pour un artiste ? 

La créativité et le désir de s'exprimer visuellement, ainsi qu'un intérêt pour la résolution de problèmes. Vous devez être fidèle à vous-même et faire confiance à votre instinct. La persévérance, le dévouement et l'audace sont essentiels. Il faut être passionné par ce que l'on fait et s'amuser en travaillant.

 

Quelles sont les particularités d’un artiste belge pour vous ?

Un artiste belge dispose d'une grande liberté pour travailler comme il le souhaite. Il existe aujourd'hui en Belgique une grande variété d'œuvres d'art, allant des sculptures réalisées avec de la lumière aux graffitis, en passant par la vidéo, la photographie et l'art conceptuel, ainsi que des médias plus traditionnels tels que la peinture. Les artistes belges peuvent s'inspirer des machines volantes monumentales de Panamarenko ou des peintures ludiques de Magritte. Un artiste belge a une vision et de l'audace.  Son travail est original au point d'être excentrique, voire un peu fou.

 

Si on part de la définition de R. Magritte qui dit que « être surréaliste c’est bannir de l’esprit le déjà vu et rechercher le pas encore vu », vous êtes en plein surréalisme.  Qu’est-ce que le surréalisme pour vous ?

Pour moi, le surréalisme consiste à voir les choses différemment, à s'amuser et à jouer avec les idées. Il s'agit de trouver de la poésie dans les objets quotidiens. Dans mon propre travail, il peut s'agir de trouver de la beauté dans de vieilles fenêtres sales, ou dans la façon dont les vers à bois ont creusé des tunnels à travers une ancienne porte en bois.

 

Pourquoi le surréalisme est important ?

Le surréalisme nous invite à explorer de nouveaux modes de pensée. Il nous ouvre à la magie, à la fantaisie et au rêve. Lorsque nous luttons ou sommes confrontés à des images de guerre, de pauvreté et de destruction de l'environnement, il est réconfortant de se voir rappeler qu'il y a aussi de la beauté et de la magie dans le monde. 

 

Qu’est-ce que vous aimez en Belgique et que vous ne trouvez nulle part ailleurs ? 

Tant de choses : les lignes élégantes des bâtiments Art Nouveau ; les chocolats faits main ; le musée de la Fondation Folon au Château de la Hulpe ; toutes les langues et cultures différentes ; le parc de Tervuren, où j'aime me promener et prendre des photos des arbres ; le temps - beaucoup de pluie signifie qu'il est bon de rester à l'intérieur et d'utiliser son imagination ; et le Mannekin Pis, qui est un petit emblème si subversif et si amusant.